Parmi les fous : chapitre 5 : Ivres fous
Impossible de savoir l’heure qu’il était, le manque de repères se trouvant dans le monde souterrain conduisait peu à peu au désordre, puis à l’abandon de la raison. Lily marchait depuis déjà une bonne heure, elle n’avait retrouvé aucun indice pouvant lui permettre de savoir où se situait la taverne des pas perdus, mais elle persévérait avec courage, ne voulant pas baisser les bras alors que pour la première fois, elle allait peut être pouvoir sortir. Si elle avait été là haut, elle aurait compris depuis longtemps que rechercher Errian dans le but de remonter à la surface était irraisonnable, car elle se serait souvenue qu’au moindre faux pas de sa part, ils s’en seraient pris à sa mère. Mais tout cela semblait avoir disparu de son esprit, elle n’avait plus qu’une chose en tête : s’enfuir loin d’ici. Elle avait de plus en plus faim, elle n’était jamais restée autant de temps en bas, cela devait faire un peu plus de deux jours, maintenant, même s’il n’y avait aucun moyen de s’en assurer.
Lily se trouva à un carrefour, au hasard elle prit le chemin de droite, après quelques pas, elle vit au bout de la rue deux hommes soûls en train de se battre, il s’insultaient généreusement, puis se jetaient l’un sur l’autre et retombaient tous les deux à terre, trop ivres pour tenir debout. Le premier devait avoir la trentaine, roux, les cheveux en broussailles, une cicatrice immense lui barrait tout le visage, le second semblait plus vieux, il était grand et squelettique, le teint horriblement pâle et les traits fins et anguleux. La petite fille s’approcha d’eux tranquillement, ils fulminaient de rage et d’impuissance, alors qu’ils tentaient de se relever pour s’affronter de nouveau, elle s‘assit juste entre eux. Les deux hommes ne comprirent pas, ils restèrent immobiles, incrédules. Le regard de Lily allait de l’un à l’autre, puis doucement, elle demanda :
« Comment vous appelez vous ?
- Gaërt, fit le premier.
- Je me nomme Sulivan, continua l’autre, maintenant pousse toi, petite, nous avons des choses à régler .»
Il essaya à nouveau de se redresser, mais il échoua encore, retombant sur le pavé avec un bruit sourd.
« Pourquoi vous disputez vous ? »
Ils s’entre regardèrent, puis après un long silence, l’un d’eux commença :
« Nous nous battons parce qu’il m’a volé ma bouteille, c’est un voleur, il doit me la rendre, c’est un voleur.
- Ce n’est pas vrai, cette bouteille, je lai trouvée par terre, c’est la mienne, c’est toi le voleur ! »
Ils recommencèrent à s’insulter bruyamment, Lily les observa durant quelques minutes, puis lorsqu’ils se furent calmés, elle déclara :
« Ne pouvez vous pas vous partager cette bouteille ? »
Il y eut un grand moment de calme, où les hommes semblèrent réfléchir.
« Mais ce n’est pas possible, il me la volerait, il serait mauvais, il mentirait, il… il … - Oui, il essaierait de la garder pour lui tout seul, moi je veux bien, mais lui, il ne voudra pas…
- Menteur, tu ne sais pas, moi je suis un homme juste, je ne ferai jamais ça ! …
- Pourquoi ne pouvez vous pas vous entendre ?, demanda-t-elle.
Ils restèrent silencieux pendant ce qui sembla être une éternité, ils regardaient autour d’eux comme s’ils cherchaient une réponse sur le mur d’une maison ou dans le caniveau, fuyant les grands yeux innocents de Lily.
- Mais, mais, nous devons nous disputer, c’est comme ça, si je n’étais plus son ennemi, que deviendrai-je, si je ne me battais plus contre lui, je serai seul, tout seul, … je ne veux pas être seul, je veux vivre, je… »
Il se tut, cherchant ses mots, puis il fondit en larmes, son compagnon fit de même, visiblement très perturbé par ce qu’il venait d’entendre. Sous la couche de brutalité et de violence qui enveloppait ces deux hommes, il y avait en fait simplement la peur, la peur de la solitude, d‘être abandonné, de devoir vivre, isolé, cela faisait l’effet d’être enfermé dans une pièce étroite dont les murs se referment peu à peu, et assister à sa propre mort, lentement, implacablement, sans pouvoir rien faire. Ils ne voulaient pas devenir anonymes aux yeux de tous, ils désiraient exister pour au moins une personne, c’est pour cela que depuis des années, ils se battaient l’un contre l’autre afin de se prouver leur importance, de vivre pour quelqu’un, même si toute leur relation était basée sur la haine et la colère. Sulivan redressa la tête, il regarda longuement son adversaire, puis il se releva, manquant de trébucher et de retomber à terre, il attrapa Gaërt par le bras et l’aida à se remettre sur pied. Ensuite, les deux hommes se fixèrent droit dans les yeux, et ils s’enlacèrent maladroitement, Sulivan murmura :
« Je…je … je ne veux pas disparaître, s’il te plaît, la bouteille est à toi, mais existe, … je veux exister, s’il te plaît…. »
L’autre ne répondit pas, il sourit tristement et hocha la tête. Ils s’éloignèrent ensemble, d’un pas hésitant, et alors qu’ils allaient tourner au coin de la rue, l’un d’eux se retourna et cria à Lily : « La taverne se trouve rue du colonel Sirius, c’est par là », fit-il en indiquant une direction avec sa main gauche.
Ils s’en allèrent. La petite fille se dirigea dans la rue que lui avait indiqué Gaërt, tremblant d’excitation à l’idée de toucher enfin au but. Mais deux heures passèrent, sans qu’elle trouva la moindre piste la guidant vers la taverne, elle se trouvait de nouveau perdue, épuisée, elle s’assit par terre et attendit. Quelques minutes s’écoulèrent ainsi, sans qu’elle ne fasse un mouvement, et brusquement, venant de nulle part, une volée d’oiseaux passa juste au dessus d’elle et partit dans une ruelle adjacente. C’était de gros corbeaux noirs, ceux des bas fonds étaient vicieux et agressifs, ils s’attaquaient volontiers à l’homme lorsque la faim les y poussait , mais cela arrivait rarement car il y avait toujours des dizaines de cadavres pourrissant ça et là dans les rues, victimes des penchants primaires et meurtriers de leurs semblables. Instinctivement, Lily se mit à leur courir après, ils étaient rapides, et après un court instant, ils semèrent la petite fille, qui se retrouva encore seule. Elle reprit petit à petit son souffle, et alors qu’elle regardait autour d’elle, elle aperçut de l’autre côté de la rue l’enseigne d’une taverne, celle des pas perdus. Elle eut envie de rire, tellement elle était soulagée, puis, solennellement, elle s’approcha du seuil et entra.
Ecrit par parasitemort, le Vendredi 22 Juillet 2005, 19:03 dans la rubrique "Parmi les fous".
Commentaires
lidioone
22-07-05 à 19:54
komme koi les corbo ne st pa d sale bete!!
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Re:
parasitemort
23-07-05 à 11:15
hé oui, ils l'ont guidée jusque là, mais ils se pourraient que je les ressorte pour qu'ils lui fassent un peu mal...
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Re: Re:
lidioone
23-07-05 à 15:23
kom dab il fo ke tu les fasse devenir méchant tu seré pa un peu sadik sur les bor??tu les fera pa bouffé lyli d foi??
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Re: Re: Re:
parasitemort
23-07-05 à 18:48
je verrai, je verrai ma petite lidioonne, mais bon, on verra...
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Re: Re: Re: Re:
lidioone
23-07-05 à 22:41
koi tu va la fer mourir?? o non fo pa abusé non +!! c dja aC tragik kom ca!!il fo o moin ka la fin elle sans sorte!!allé fé ca pr moi!!
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Re: Re: Re: Re: Re:
parasitemort
24-07-05 à 11:01
héhé tu flippe, remarque se faire bouffer par des corbeaux ce serai trop classe...
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Lisenn
23-07-05 à 14:28
J'aime toujours beaucoup cette histoire...
Bises
Lisènn
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Re:
parasitemort
23-07-05 à 14:32
je crois que les commentaires que j'attend le plus sont ceux sur cette histoire... donc merci beaucoup, je pense que si personne n'était là pour me dire ce qu'il en pensait même si c'est un commentaire qui critique beaucoup... tant que le but est d'essayer de me faire progresser je suis partante. Je m'égare comme d'habitude, je ne sais plus ce que je raconte ni pourquoi je le dis... Enfin, merci.
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