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Parmi les fous : chapitre 4 : Intermède

« Marche sur les rebords du trottoir, fais la course contre le vent, joue à ces jeux aux histoires si simples, à la musique si douce, qui cessent dès que tu le désires. Profite de ces instants de pleinitude, car bientôt, ce sera fini. Il meurt, elle perd la raison, et le rire devient pleur, le chant devient plainte, tu ne peux rien y faire. Un nouveau jeu vient de commencer, mais celui là n’est pas simple, ni doux, et il ne s’arrêtera pas, il poursuivra son œuvre, avec ou sans toi. Tu es seule, tu trembles de froid, et la peur enserre ton cœur, peur de ne plus la voir, peur de mourir, de descendre à nouveau au plus profond de la misère. En bas, il paraît que ton âme est tourmentée, elle est assaillie de tous côtés, par les cris et les hurlements de la masse sordide qui se presse autour de toi. Tu as voulu être sourde, tes yeux se sont détournés de ces personnages effrayants, mais ils sont toujours revenus, alors pour ne plus souffrir, tu as appris à les voir, à les regarder, à détailler leur visage et leurs traits torturés. Mais tu n’as pu rester indifférente, ces gens qui pleurent, même s’ils sont horribles et mauvais, ils ont un cœur qui bat, niché dans leur poitrine, ce cœur souffre et saigne et tu ne le supportes pas. Alors un jour, sans faire attention, tu as compris, qu’avant d’être des fous, ils étaient des hommes, le mal qui les ronge n’a pas toujours été présent en eux, leur esprit embrouillé a déjà vu clair, il y a longtemps. Mais ici, tu ne savais pas qu’il y a longtemps que les oiseaux ne chantent plus, qu’il y a longtemps que le soleil a disparu, que la couleur n’existe plus, hormis le rouge du sang, le sang qui coule lorsqu’ils se tuent pour survivre, mais tuer les rend fous, ils sont furieux, alors ils tuent encore, et la folie s’empare d’eux peu à peu, sans qu’ils s’en rendent compte. Tu ne savais pas… et tu t’en mords les doigts car tu comprends enfin que lorsque tu t’enfuyais devant eux, ils étaient tristes, leurs poitrines se serraient de chagrin et ils pleuraient sans rien dire, se refermant encore un peu plus sur eux même. Lorsque tu as tendu la main pour la première fois à l’un d’entre eux, tu lui as sauvé la vie, la deuxième fois tu l’as ôtée, mais tu les a sauvé tous les deux, leur esprit est apaisé, ils sont enfin en paix, ne pleure pas petite fille, il y aura d’autres morts, d’autres disparus, d’autres cauchemars et d’autres rêves, ne pleure pas, et quand tu sentiras la folie te gagner pense à celle qui t’appelle « ma puce » et vis, vis pour pouvoir la revoir un jour, là haut, là où les fous pourraient trouver le calme qu’ils recherchent en vain, dans la paille de la misère et les méandres de leur âme fatiguée, qui n’a plus la force de se battre. »

Ecrit par parasitemort, le Jeudi 21 Juillet 2005, 17:48 dans la rubrique "Parmi les fous".

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