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I'm flying toward the moon

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Parmi les fous : Chapitre 13 :

--> mode "pause", on respire un coup...

La main de Lily était tachée de sang, elle ne le remarqua pas tant son attention était retenue par son nouveau compagnon. Aleist marchait avec elle d’un pas tremblant, écarquillant les yeux comme un enfant qui découvre le monde, s’émerveillant de chaque chose si horrible soit elle, souriant niaisement au terrible spectacle s’offrant à lui. Il était devenu fou après toues ces journées de solitude, fou mais inoffensif, désireux d’oublier son passé. Elle le guidait ainsi à travers la ville, elle même perdue ne sachant où aller, mais elle ne voulait pas inquiéter l’homme, il semblait enfin apaisé, tranquille, il ne disait mot, elle sentait qu’il s’était peu à peu détendu, se laissant aller et diriger, dans ce nouveau monde qu’il ne connaissait pas.

Le cœur de Lily se serra. A quelques mètres, de l’autre côté de l’avenue sur laquelle ils se trouvaient, Errian était assis, le visage entre les mains. Des dizaines de corbeaux voletaient autour de lui, le frôlant parfois, se moquant de lui. Il ne faisait rien pour chasser les volatiles, impuissant il semblait être plongé dans de sombres pensées dont rien ne pouvait le tirer.

Les corbeaux… sales bêtes, Kyokun… Kyokun…mort… les corbeaux… "

Errian redressa la tête, au dessus de lui les volatiles tournoyaient toujours, il sentait parfois leurs ailes le toucher. Cette caresse, si étrange, il l’aimait et la haïssait à la fois, elle lui rappelait ce temps passé avec elle, loin de tout et si près des rêves, mais il sentait aussi l’odeur de la mort flotter autour de lui, l’enveloppant, se riant de lui et de sa faiblesse. Les larmes aux yeux, il se redressa quelque peu, voulant prendre appui sur sa main droite, il grimaça de douleur et s’affaissa de nouveau. Il s’était brisé plusieurs phalanges, la souffrance lui rappela les dernières heures passées et il se sentit encore plus mal, lassé de ce monde et de ses jeux.

Se relevant enfin, il fit quelques pas, hésitant, il pouvait retourner à la taverne, renouer avec cette vie qu’il menait depuis déjà bien des années, mais il ne savait pas, il ne savait plus, égaré, il marcha au hasard, toujours suivi par les oiseaux qui semblaient s’être accrochés à lui. Errian arriva au bord du fleuve, il contempla les corps des noyés qui flottaient à la dérive, un vieux berceau rouillé remontant à la surface. L’ambiance étrange de ce lieu le reposait, il s’accroupit près du bord et lança des cailloux dans l’eau, machinalement. Il se souvint de ce que lui avait dit sa mère il y a longtemps : " Marche dans le vide, toujours, et tente ton destin… ". Il voulut la maudire d’avoir un jour prononcé ces paroles, sinon pourquoi aurait-il eu l’idée d’une vie plus douce, comment aurait-il défié le destin en voulant goûter au bonheur ? Il eut un soupir et recommença à penser. Une des manies de son père lui revint aussi à l’esprit, celui-ci lorsqu’il devait prendre une décision, saisissait une pierre et se plaçait sur le rebord puis il pariait : " si elle tombe à la flotte j’y vais, si elle atteint l’autre rive, je n’y vais pas… " Le jeune homme sourit vaguement en y songeant, il avait souvent trouvé ce rituel stupide, mais à présent qu’il était pris au piège, il n’en était plus si certain.

Il prit alors un caillou de bonne taille et murmura "S’il passe je laisse tout tomber, je change de vie… sinon tout reste comme avant...". Retenant son souffle, il se surprit à désirer la réussite de ce qu’il croyait être un simple jeu. Il banda ses muscles et lança de toutes ses forces, la pierre décrivit une parabole, elle toucha le bord opposé, puis rebondissant, plongea dans les eaux noires et profondes, disparaissant en un instant. Errian resta immobile, durant l’espace de quelques secondes, le visage défait. Il avait espéré, il avait cru pouvoir changer, mais le sort s’acharnant contre lui, lui avait affirmé le contraire. S’agenouillant sur le sol, il attendit.

Pauvre imbécile… qu’est ce que tu croyais ? C’est fini, on ne change pas… c’est fini. "

Son regard fixait l’endroit où son projectile était tombé, se demandant comment il avait pu y croire, penser qu’une pierre pourrait modifier sa vie, rejeter la fatalité. Il n’y aurait pas de nouveau départ, il ne connaîtrai pas les cerisiers en fleurs ni le chant des rossignols, rien de bon ne lui serait jamais réservé. Avec un soupir, Errian se releva, il jeta un dernier regard au fleuve puis fit volte face et partit vers la taverne, ses associés devaient l’attendre, il n’avait plus aucune raison de les décevoir.

Rose reboutonna sa robe, elle était terriblement lasse de la vie qu’elle menait, l’arrivée de la petite fille lui avait rendu espoir, néanmoins, rien n’avait changé, elle travaillait toujours de la même manière, regrettant ces moments passés, ce jour où elle avait tout perdue. Elle regarda au dessus d’elle, il n’y avait rien d’autre que la Frontière qui la séparait de l’extérieur, laissant ses pensées vagabonder, elle repensa à cette vie qu’elle aurait pu partager avec lui, s’en voulant de ne pas avoir été assez prudente. Fatiguée, elle décida enfin de retourner chez elle, la jeune femme ne pouvait plus supporter les regards lubriques de ces hommes qui la sollicitaient, elle était épuisée de ces deux jours sans sommeil, son corps tout entier aspirait au repos.

Ecrit par parasitemort, le Mercredi 7 Septembre 2005, 21:32 dans la rubrique "Parmi les fous".

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