Joueb.com
Envie de créer un weblog ?
ViaBloga
Le nec plus ultra pour créer un site web.
Débarrassez vous de cette publicité : participez ! :O)

I'm flying toward the moon

Page principale - Ecrire un article

Parmi les fous : Chapitre 9 : Transis de froid

Lily se réveilla du profond sommeil dans lequel elle était plongée depuis la veille. Il n’y avait personne dans la petite chambre, Rose devait être sortie. Son cœur se serra lorsqu’elle songea au fait qu’elle était sûrement dehors dans le but de gagner un peu d’argent. Elle n’était pas dupe et savait ce que cela impliquait pour une femme dans le monde d’en bas, cette idée la révoltait, mais comme souvent elle se sentait impuissante et inutile. Elle se leva alors, passa de l’eau sur son visage, ouvrit la porte et partit à son tour.

Le froid qu’il faisait à l’extérieur la surprit, elle se frictionnait les bras tout en avançant pour ne pas se sentir gelée, il n’y avait presque personne dans la rue sombre, Lily ne savait pas où elle allait, mais elle ressentait le besoin de bouger, de changer d’espace. Elle se souvint alors qu’elle avait totalement oublié de demander à Errian comment sortir d’ici. Le soleil lui manquait de plus en plus, pourquoi ne l’avaient-ils toujours pas ramenée à eux ? Généralement ses descentes ne duraient pas plus d’une journée. L’inquiétude commença à la saisir, et s’ils la laissaient là pour toujours ?

Elle vit alors un garçon aux cheveux roux qui fouillait dans une poubelle, il était dos à elle, pourtant une certitude folle l’envahit, elle courut jusqu’à lui et posa sa main sur son épaule. Il se retourna, et la reconnaissant, un grand sourire envahit son visage, dévoilant ses dents jaunies, dont celles de devant manquaient. Il avait de grands yeux verts aux reflets grisés, un nez aquilin, et des taches de rousseur parcourait sa figure. Une petite cicatrice barrait sa joue gauche, sûrement l’œuvre d’un ivrogne qui avait dû le battre un jour d’ébriété où le garçon avait dû se promener trop près de lui.

Elle le serra dans ses bras en riant, c’était Kaïn. Après leurs effusions de joie, il la prit par la main et se mit à courir, l’entraînant avec lui. Ils arrivèrent au bord du fleuve boueux, et sous un pont de pierre il lui montra l’abri où il dormait depuis son arrivée ici. Il vivait de ce que les gens laissaient comme détritus mais aussi de petits vols commis chez les marchands ou certains bandits trop ivres pour comprendre ce qui leur arrivait. Il lui raconta comment les maîtres s’étaient saisis de lui et l’avait envoyé ici, personne n’était venu le chercher, il avait fini par s’habituer, à présent il était l’un d’entre eux. Il dit cela avec une pointe de mélancolie qui ne fit qu’accroître le sentiment de culpabilité qu’éprouvait Lily, elle voulut s’excuser mais il l’arrêta avec un sourire. Elle fut étonnée de la joie apparente de son ami, il chantonnait gaiement en sautillant, puis voyant son désarroi, il cessa puis avec sa voix d’enfant, il fit :

" Je me moque d’être ici puisque maintenant je suis avec toi, et puis même avant, c’était pas grave puisque tu allais bien en haut. Moi, je suis pas important, mais toi, tu es la petite lumière qui rend tout moins sombre. "

Elle resta silencieuse, surprise, puis elle s’approcha de lui et déposa un baiser sur sa joue, il éclata de rire, un rire joyeux et vivant, ceux que l’on entendait jamais en bas et qui étaient si rares en haut. Il lui fit visiter les alentours agissant comiquement de la même manière qu’un maître de maison, il s’amusait à la faire sourire, voulant la distraire car au fond de lui, il savait bien qu’elle était malheureuse, il en ignorait la cause, mais son cœur d’enfant amoureux le sentait, il désirait qu’elle reste auprès de lui durant des jours, et craignait de la voir disparaître de nouveau.

La journée qu’ils passèrent ensemble ressembla à un rêve, ils se promenaient main dans la main, se racontant leurs aventures, s’extasiant d’un rien, se divertissant de ces vieux jeux qu’ils avaient tant aimé par le passé. Les passants se retournaient sur leur passage, étonnés de ce spectacle peu commun, le bonheur innocent de deux gamins. Un vieil homme les arrêta, il les regarda sans un mot pendant un moment puis haussa les épaules, il ne comprenait pas, il avait tout vu sauf cela, il était perturbé mais au fond de lui, il sentit une douce chaleur prendre vie. Au soir, lorsqu’il rentra chez lui, il ne battit pas sa pauvre femme comme à l’accoutumée, il la contempla longuement, assise, la peau ridée, l’air las et fatigué, ses yeux restant dans le vague, n’osant pas le fixer par peur d’être frappée. Il s’approcha d’elle et la fit se lever, sans un mot il l’enlaça tendrement et en silence pour la première fois, il lui offrit son cœur.

Les deux enfants continuèrent de jouer, ignorant tout des conséquences de leurs actes, lorsqu’ils furent trop fatigués pour continuer de déambuler ainsi à travers la ville, ils retournèrent à la petite planque. Ils s’y installèrent, et pour se tenir chaud, ils se blottirent l’un contre l’autre, profitant de la chaleur de leurs corps réunis. La vie n’avait jamais paru aussi belle à Lily, elle avait retrouvé son ami perdu, l’espace de quelques heures tous ses problèmes avaient disparu, et malgré elle un curieux optimisme s’empara de son esprit.

A leur réveil, il faisait si froid que tous les deux claquaient des dents sans discontinuer, de manière incontrôlable, Kaïn partit immédiatement à la recherche de nourriture, il revint quelques temps plus tard avec une miche de pain vieille de deux ou trois jours. Il lui en donna la moitié en rougissant de ne pouvoir faire mieux, mais les remerciements qu’il reçut en retour le rassurèrent. Lily tremblait, il toucha sa main, elle était glacée. Il enleva la veste qu’il portait sur le dos et la lui tendit, elle voulut refuser mais il insista, elle la prit donc et s’en vêtit, appréciant la chaleur qu’elle lui apporta. Ils passèrent encore une journée de jeux, de courses, de cavalcades au milieu des rues, riant aux éclats, sautillant et dansant en tous sens.

Kaïn s’arrêta pour reprendre son souffle, épuisé, transi de froid il tomba à terre évanoui. Lily se précipita auprès de lui, il respirait difficilement, et était incapable de se relever. Elle n’avait pas vu ses lèvres devenir au fil des heures de plus en plus bleues, ni ses doigts perdre peu à peu leur couleur, son teint était gris, terriblement pâle. Le portant à demi, elle le ramena jusqu’à leur abri, elle l’étendit sur la petite paillasse qui composait le lit, le recouvrit de tout ce qu’elle put trouver et qui était susceptible de lui tenir chaud. Il tremblait de tous ses membres, elle essayait de le réchauffer en posant ses mains sur son visage ou en frictionnant sa poitrine. Elle ne s’était aperçue de rien, à présent tout lui échappait, les minutes passaient et il avait l’air de plus en plus mal, son regard devenait vitreux. Lily commença à pleurer, impuissante, il sourit et murmura d’une voix faible et hésitante :

" Ne t’inquiète pas, ça va, juste un petit coup de froid … ne pleure pas s’il te plaît, ce qui compte c’est que tu ailles bien… "

Il voulut continuer, mais une quinte de toux immaîtrisable s’empara de lui, il s’interrompait parfois, mais au moindre mot, il toussait de plus belle. Les larmes coulaient sur les joues de la fillette, elle avait peur de le perdre de nouveau, de se retrouver encore seule, de ne plus sentir sa présence si apaisante près d’elle, de ne plus le voir sourire, elle implorait ce Dieu auquel elle ne croyait pas de lui venir en aide. Mais personne ne vint. Kaïn sombra doucement dans une sorte de léthargie, son dernier geste fut de prendre la main de son amie et de la serrer contre sa poitrine. Il perdit conscience. Lily le vit respirer de plus en plus mal, les couleurs abandonnant peu à peu son visage, la chaleur quittant ses membres gelés. Incapable de le secourir, elle demeurait auprès de lui, chantant de vieilles berceuses pour se rassurer, sentant les battements de son cœur faiblir inéluctablement.

Au matin, alors que la ville s’éveillait enfin, il était mort. La petite fille avait veillé sur lui durant des heures, elle était épuisée, elle n’avait cessé de pleuré et de lui parler, il n’avait pas repris connaissance, s’enfonçant petit à petit dans les ténèbres, il était mort.

Ecrit par parasitemort, le Lundi 22 Août 2005, 16:15 dans la rubrique "Parmi les fous".

Repondre a cet article

Commentaires

Lisenn

Lisenn

22-08-05 à 16:53

Juste pour dire..

J'aime toujours autant =)

Bises


Re:

parasitemort

parasitemort

22-08-05 à 17:06

contente que tu me dises ça... la suite est toujours en cours.


Hell..o

Nom d'utilisateur
Mot de passe

Mot de passe oublié ?

Au menu

Blabla


Là-bas