Car je n'ai pas peur.

Qui a peur du grand méchant loup ?

Hier je suis allée le voir, j'ai pris le rer D, là il y avait un homme noir, mignon, jeune, l'air classe, il était assis à côté de moi. J'ai somnolé jusqu'à gare de lyon et quand j'ai emmergé, il m'a souri et m'a demandé "Fatiguée ?" J'ai répondu à son sourire et j'ai murmuré un vague "oui", puis j'ai replongé dans mes pensées. A chatelet je suis descendue mais avant de partir j'ai souhaité à l'homme une bonne soirée. C'est amusant de voir qu'il est possible de ne pas s'entretuer tout le temps, que des rapports civilisés et courtois sont possibles entre les hommes. Puis j'ai changé et je suis montée dans le B, là il y avait un autre homme, il parlait tout seul, il insultait tout le monde, il criait sur les femmes en général, je ne me souviens plus. J'ai commencé par trouvé cela amusant, mais il a continué, ces paroles étaient horriblement violentes, j'étais seule, quelques personnes à côté, l'autre invisible à mes yeux car dans la voiture à côté. Il s'est mis a crier "Salope, tu joues mais tout le monde sait qui tu es, tu t'amuses à subir le martyr, (...) les complices s'innocentent entre eux (...) Pouffiasse !" J'ai eu la terrible impression d'entendre mon portrait par quelqu'un qui connaitrai les faits, j'ai serré les dents, mais il a continué à hurler, alors j'ai senti les larmes rouler sur mes joues, je sais pas pourquoi, j'étais tétanisée, morte de peur, je me sentais mal.

Puis j'ai passé la soirée que je devais passer. J'étais là pour ça après tout. et on a fait ça. On a pas beaucoup parlé, je ne sais pas si ça m'arrange, enfin au moins quand on parle je ne culpabilise pas, alors que là... Cette soirée était trop charnelle peut être, mais je ne disais pas non à ce moment là, et après j'étais trop fatiguée pour dicuter, alors j'ai dormi. Trois ou quatre heures à tout casser. Je me suis réveillée le matin dans ses bras. J'avais trop chaud, comme toujours, je me suis écartée de lui et lui ai tourné le dos, j'ai horriblement mal dormi.

Je suis rentrée chez moi, j'ai raté le rer que je voulais prendre, j'ai attrapé le suivant. Devant ma mère ça allait car elle savait ce que je faisais chez lui, donc je n'ai pas eu besoin de jouer un rôle particulier, juste dissimuler ma fatigue sous un voile de de sourires. Je n'ai pas eu mon bus à 13h08, je suis arrivée en anglais avec 20 minutes de retard, la prof m'a laissée entrer. Les places étaient toutes prises, alors je me suis mise devant près de la fenêtre. J'avais mal au ventre, je regardais les gens de ma classes sans les comprendre, en sachant que eux non plus ne me comprenaient pas, que s'ils me connaissaient mieux il dirait que je suis une trainée. J'ai réentendu l'homme du rer B dans ma tête, j'ai pleuré de nouveau. Personne n'a rien vu, ils auraient pu me voir mais ils ne le voulaient pas. Pas un sanglot, pas un cri ni un hoquet, rien que le bruit sourd des larmes qui tombaient sur mon cours. Je me suis sentie si seule, toute la journée, j'ai eu froid et j'ai eu l'impression d'avoir été abandonnée.

J'ai peur.   

Ecrit par parasitemort, le Vendredi 6 Janvier 2006, 21:10 dans la rubrique "Pensées d'aujourd'hui".

Repondre a cet article